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Saint Gabriel
Il y a en ce millénaire nouveau
De galants hommes au col de manteau
Dans l’ensemble plus garni en étoffe
Que l’entier d’un turban et d’une coiffe.Ils pullulent partout les belles rues
De leur grâce ingrate portée aux nues
Par la verve pétulante et constante
De leur aura éloquente et troublante.Ils sont suivants d’une souche déchue,
En grand regret de quelque dot perdue
Sur les frêles hommes des ans présents ;
Et du mépris croissant des cœurs pesants.Ils cachent leur être sous des noms saints ;
Montrent au jour leur air de paladins :
Ils changent ainsi qu’un caméléon
Sur les terres abruptes du péon.Voyez-les de leur art le faîte toucher,
La pompe toute inattaquable, fignoler
Quelques vétilleuses harangues prolixes
Au plaisir de l’ouïe de quelques suffixes .Ils bercent en à-peut-prêt ces paroles
Ces merlans englobés dans des corolles :
« Mes amis… » - est ainsi toujours nommée
Ce public assemblé sous une ondée.Pourtant il ne saurait dire le nom
D’un auditeur, encor moins le prénom.
« J’ai sans cesse et… » et cela vas sans dire
Que en dedans de lui il nargue un rireQui ci surpris de sa saute l’avise
De la fourbe fourberie de sa guise.
« J’ai sans cesse et cela en permanence,
De votre âme remarqué la constance.Elle a de mes aïeuls souffert la trahison
Quand vous mettant à leur diapason
Et que toutes vos craintes nonobstant,
Vous crûtes les serments et le talent.Je saurai donner tort au jugement
Cher porté en vos cœurs en ce moment :
C’est sur le marché qu’un bien fait son prix
Au tact de l’offreur et de qui là pris. »En voila une parole bien suave !
Qui aux lèvres de ce galant, esclave
L’auditoire content enfin d’avoir
Qui dira à la souffrance au revoir.(.....)
LMP
bonasse
Tags : poèmes durs
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